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Abstract
Détecter et quantifier les benzodiazépines de synthèse (DBZD : designer benzodiazepines) dans les cheveux d’usagers de substances psychoactives, en utilisant une approche ciblée et non ciblée par LC-MSMS et LC-HRMS.
Méthode
Des échantillons de cheveux ont été collectés chez 100 usagers de drogues dans un centre de réduction des risques parisiens dans le cadre d’une étude européenne déligentée par l’agence européenne des drogues (EUDA : European Union Drugs Agency) et visant à évaluer la pertinence de l’analyse capillaire comme un indicateur populationnel direct de l’exposition aux drogues. Pour chaque participant, une mèche de cheveux d’une longueur jusqu’à 12 cm correspondant à une période d’exposition d’environ 12 mois avant le prélèvement a été prélevée, et une segmentation a été réalisée (0–6 cm, 6–12 cm). 20 mg par segment ont été lavés avec du dichlorométhane, hydrolysés dans un tampon phosphate (pH 5,0, 95 °C, 10 min) et extraits à l’aide d’hexane/acétate d’éthyle et de chloroforme/isopropanol. La séparation chromatographique a été effectuée en mode gradient sur une colonne Hypersil PFP Gold (100 mm × 2,1 mm, 1,9 μm, ThermoFisher®). L’analyse par LC-MS/MS a été réalisée sur un triple Quad TSQ Altis (ThermoFisher®) en mode MRM permettant l’identification et la quantification de 450 composés dont 163 nouveaux produits de synthèse (NPS). Une analyse en LC-HRMS a également été effectuée sur un Q Exactive Orbitrap (ThermoFisher®) en mode ddMS2. Les bibliothèques mzCloud et HighResNPS ont été utilisées pour l’identification des composés.
Résultats et discussion
Quatre DBZD et un métabolite ont été détectées chez 6 participants (6 %) aux concentrations suivantes (médiane pg/mg, intervalle min–max pg/mg, N cas) : bentazepam (56 pg/mg, < 1–80 pg/mg, n = 4), etizolam (290 pg/mg, 125–570 pg/mg, n = 2), norflurazepam (61 pg/mg, 26–96 pg/mg, n = 1). Le fluclotizolam (n = 1) et l’OH-etizolam, métabolite de l’étizolam (n = 1), n’ont pas pu être quantifiés par manque de standards de référence. Les consommateurs étaient majoritairement des hommes (67 %), d’âge médian de 27 ans (24–47 ans), poly consommateurs d’autres NPS (67 %). Les concentrations capillaires d’etizolam retrouvées sont supérieures à celles décrites dans la littérature, de 2 à 107 pg/mg (n = 13) (Kolbe et al., 2020 ; Sasaki et al., 2021 ; Niebel et al., 2022 ; DeFreitas et al., 2022), pouvant suggérer un usage chronique d’etizolam chez nos usagers. Le norflurazepam est aussi un métabolite de BZD conventionnelles comme le flurazepam (non commercialisé en France) ou le loflazépate d’ethyle. Ces 2 BZD n’ont pas été identifiées dans les cheveux, suggérant plutôt un usage récréatif du norflurazepam. Les concentrations capillaires du bentazepam et du norflurazepam, ainsi que la détection du fluclotizolam constituent les premières données rapportées dans la littérature, et demeurent difficiles à interpréter.
Conclusion
Ces premières données constituent une base pour l’interprétation future des concentrations capillaires des DBZD dans un contexte clinique ou médico-légal. Ces molécules dont la prévalence semble sous-estimée doivent être systématiquement recherchées par les laboratoires de toxicologie.