Personnes âgées et drogues: réponses sanitaires et sociales

Introduction

Ce mini-guide s’inscrit dans le cadre plus vaste du document intitulé Réponses sanitaires et sociales apportées aux problèmes de drogue: un guide européen. Il fournit une vue d’ensemble des aspects les plus importants à prendre en compte lors de la planification ou de la mise en œuvre de réponses sanitaires et sociales pour les usagers de drogue âgés, et examine la disponibilité et l’efficacité des réponses. Il examine également les conséquences sur les plans politique et pratique.

Dernière mise à jour: 24 juillet 2023

Sommaire:

Aperçu général

Éléments clés

Dans l’ensemble, la population d’Europe est vieillissante, et les plus de 40 ans représentent une part croissante des personnes souffrant d’un problème lié aux opioïdes. Cette évolution se reflète dans la hausse de l’âge des personnes qui suivent un traitement de la toxicomanie et des victimes de surdoses mortelles d’opioïdes. L’utilisation problématique d’autres médicaments, notamment les benzodiazépines, suscite également de plus en plus d’inquiétudes.

Chez les usagers d’opioïdes plus âgés, le processus de vieillissement physique peut être accéléré par les effets cumulés de la polytoxicomanie et d’une mauvaise santé durant plusieurs années. Ces personnes peuvent aussi être plus exposées aux infections, aux surdoses et au suicide.

De plus, leurs réseaux sociaux peuvent être réduits en raison des décès prématurés et de la stigmatisation, ce qui peut encore renforcer l’exclusion sociale et l’isolement par rapport aux familles. La stigmatisation peut également dissuader de demander de l’aide.

Réponses

Il existe actuellement peu d’interventions ciblant les besoins spécifiques des personnes âgées qui utilisent des drogues et la base factuelle de ces interventions doit être développée. Voici quelques réponses clés:

  • des services de traitement de la toxicomanie adaptés aux besoins des personnes plus âgées proposant des soins pluridisciplinaires afin de répondre à leurs besoins médicaux et psychologiques ainsi que de remédier à leur isolement social;
  • un meilleur accès et un plus grand recours aux traitements antiviraux contre l’hépatite C;
  • des soins de santé physique adaptés, notamment des services de soins dentaires;
  • la sensibilisation et la formation du personnel médico-social chargé de la prise en charge des aînés quant à la manière de répondre aux besoins des personnes plus âgées qui ont des problèmes de drogue afin de garantir qu’elles reçoivent des soins adéquats et qu’elles ne soient pas stigmatisées;
  • des maisons de soins spécialisées dans la prise en charge résidentielle de longue durée des personnes âgées qui utilisent des drogues;
  • des services de défense de leurs intérêts afin de renforcer l’estime de soi, l’acceptation et les sentiments positifs quant à l’avenir, notamment les approches menées par des pairs;
  • la mise à disposition de logements sûrs et adaptés.

Panorama européen

Le traitement et les soins destinés aux personnes âgées confrontées à des problèmes de drogue sont limités en Europe car la plupart des services ont été établis pour répondre aux besoins de personnes plus jeunes. Seuls quelques pays d’Europe disposent de maisons de soins spécialisées pouvant accueillir les personnes âgées confrontées à des problèmes de drogue et qui ne sont pas en mesure de se prendre en charge.

La planification des services visant à répondre aux besoins futurs en matière de santé et de soins sociaux du nombre croissant d’usagers de drogue âgés en Europe nécessitera des services de soins spécialisés en fonction de l’âge, une approche intégrée et pluridisciplinaire avec des partenariats interagences, ainsi qu’une orientation entre les services de santé et les services sociaux spécialisés et classiques.

Principaux problèmes liés à l’usage de drogues chez les personnes âgées

Les personnes âgées ayant des problèmes de drogue sont ici considérées comme des personnes âgées d’au moins 40 ans dont l’usage de drogue à long terme leur est dommageable ou les expose à un risque élevé de tels dommages. Toutefois, certaines des questions abordées sont pertinentes pour les groupes de personnes plus âgées souffrant de problèmes de drogue qui ont, ou ont dépassé, l’âge de la retraite. Elles sont souvent confrontées à des expériences de vie négatives du fait de leur usage de drogue et présentent des caractéristiques et des parcours différents de ceux des usagers plus jeunes.

Les personnes âgées qui font usage d’opioïdes depuis longtemps représentent une proportion croissante des usagers d’opioïdes en Europe. Au cours des deux dernières décennies, l’âge moyen des usagers admis en traitement pour des problèmes liés aux opioïdes est passé du début de la trentaine à la fin de la trentaine, tandis que l’âge moyen des personnes décédées des suites de l’usage de drogue (principalement en lien avec les opioïdes) a également augmenté. Le nombre de personnes âgées ayant des problèmes de drogue nécessitant une prise en charge sanitaire et sociale continuera d’augmenter dans les années à venir, ce qui est particulièrement le cas dans les pays d’Europe occidentale qui ont connu les premières épidémies d’héroïne dans les années 1980 et 1990. Dans ce contexte, il est de plus en plus nécessaire d’élaborer des politiques, des traitements et des services réactifs pour répondre aux besoins de cette population en Europe.

Divers problèmes de santé peuvent réduire la qualité de vie des personnes qui utilisent des drogues depuis longtemps. En Europe, une grande partie des usagers problématiques de drogue âgés ont commencé à utiliser de l’héroïne dans les années 1980 et 1990. Bon nombre de personnes ayant eu longtemps recours aux injections ont contracté des infections par le VIH et le virus de l’hépatite C (VHC). L’amélioration des traitements aide les personnes atteintes de ces infections à vivre plus longtemps, mais leur longue histoire d’usage problématique de drogues peut également avoir accéléré leur vieillissement physique. En général, les membres de ce groupe présentent des niveaux plus élevés de problèmes de santé somatique et mentale que leurs pairs non toxicomanes et que les usagers de drogues plus jeunes. Ils peuvent également souffrir de maladies dégénératives, de problèmes circulatoires et respiratoires, de diabète, d’hépatite et de cirrhose du foie à un stade plus précoce. Ces personnes peuvent aussi être davantage exposées aux risques d’infections liées à la drogue, de surdose et de suicide. En outre, les problèmes de santé mentale peuvent constituer une grave préoccupation.

De nombreuses personnes âgées qui utilisent des opioïdes reçoivent ou ont reçu un traitement à base de méthadone ou de buprénorphine. Or, à l’heure actuelle, l’efficacité des médicaments opioïdes et des traitements des troubles physiques et des dysfonctionnements hépatiques, ainsi que l’interaction entre ceux-ci, demeurent peu connus. Il peut être difficile pour les prestataires de soins de santé génériques d’apporter un soulagement adéquat de la douleur aux personnes âgées qui font usage d’opioïdes; en effet, ces patients peuvent présenter une tolérance accrue aux analgésiques opioïdes et, en l’absence d’orientations sur la gestion efficace de la douleur pour ce groupe, il existe un risque de sous-médicalisation de la part des services de santé. Il est important que les prestataires de soins soient conscients du fait que certains médicaments susceptibles d’être prescrits aux personnes faisant un usage problématique des opioïdes, souvent en parallèle d’un traitement de substitution aux opioïdes, peuvent augmenter le risque de surdose en raison de leurs effets dépresseurs sur le système nerveux central. Il s’agit notamment des gabapentinoïdes, prescrits pour soulager les douleurs neuropathiques, et des benzodiazépines.

Les taux d’infections virales hématogènes sont généralement élevés chez les personnes âgées qui se sont injecté des opioïdes pendant longtemps; en l’absence de traitement, les usagers d’opioïdes plus âgés qui ont contracté le VHC lorsqu’ils étaient jeunes sont exposés à un risque accru de développer une maladie hépatique et un cancer.

Une part importante des personnes âgées ayant des problèmes de drogue vivent seules, ont besoin d’un logement, sont au chômage et économiquement inactives. L’absence d’activité professionnelle a pour effet d’amenuiser le cercle social, les compétences et les connaissances, tout en favorisant la marginalisation et l’isolement. La stigmatisation et l’âgisme (discrimination fondée sur l’âge) s’ajoutent à l’exclusion sociale et à la rupture des liens avec la famille et les amis qui sont courants au sein de ce groupe. Ces personnes sont exposées au risque de dépression et de solitude car leur cercle social se rétrécit à mesure que d’autres usagers de drogues plus âgés décèdent ou s’affranchissent de leur dépendance et tournent la page. La stigmatisation qu’ils peuvent ressentir du fait de continuer à faire usage de drogues alors qu’ils avancent en âge peut les empêcher de chercher de l’aide, de prendre contact avec des communautés d’entraide et de demander des soins de santé.

Bien que ce mini-guide soit essentiellement axé sur les personnes âgées ayant des problèmes liés à l’usage d’opioïdes, souvent associé à celui d’autres drogues et à l’alcool, il existe également des groupes de personnes âgées qui font un usage problématique d’autres drogues, notamment le cannabis et des médicaments tels que les benzodiazépines. Les adultes plus âgés peuvent présenter une sensibilité accrue aux benzodiazépines et aux médicaments apparentés, ainsi qu’une diminution de la capacité à métaboliser certains agents à action prolongée, tels que le diazépam. Ces médicaments augmentent également le risque de troubles cognitifs, de délire, de chutes et d’accidents. Bien que, par le passé, les problèmes auxquels ces usagers d’autres drogues plus âgés aient fait l’objet d’une attention moindre, certaines des réponses examinées ici pour les usagers d’opioïdes peuvent également être pertinentes pour ces groupes, et certains services spécifiques, ainsi qu’une plus grande participation aux soins primaires, peuvent être nécessaires. De nouvelles lignes directrices sur la prévention, l’évaluation et le traitement des problèmes commencent à être élaborées pour la prestation de services spécifiques à ces groupes.

Réponses aux problèmes liés à la drogue chez les personnes âgées

L’expansion des services de réduction des dommages dans de nombreux pays européens a permis de prolonger l’âge des personnes ayant des problèmes liés à l’usage d’héroïne. En général, les personnes âgées qui font usage des opioïdes sont traitées dans le cadre des services de prise en charge conventionnels. Certaines interventions ciblent leurs besoins spécifiques, mais une base factuelle solide pour celles-ci doit encore être élaborée. Parmi les réponses clés pour cette population, on peut citer les suivantes:

  • des services de prise en charge adaptés aux besoins des personnes âgées, offrant des soins pluridisciplinaires permettant de répondre à leurs besoins médicaux et psychologiques ainsi qu’à leur isolement social;
  • des soins de santé physique adaptés, notamment des services de soins dentaires;
  • un meilleur accès et un plus grand recours aux traitements antiviraux contre l’hépatite C;
  • des maisons de soins spécialisées dans la prise en charge résidentielle de longue durée des personnes âgées qui utilisent des drogues;
  • la mise à disposition d’un logement sûr et adapté;
  • la sensibilisation et la formation du personnel des services de soins de santé et d’assistance sociale chargé des personnes âgées quant à la manière de répondre aux besoins des clients ayant des problèmes de drogue afin qu’ils reçoivent des soins adéquats et qu’ils ne soient pas stigmatisés;
  • des interventions visant à lutter contre l’isolement social et la stigmatisation.

Des soins intégrés adaptés aux besoins des personnes âgées

La planification des services visant à répondre aux besoins futurs en matière de santé et de soins sociaux du nombre croissant d’usagers de drogue âgés en Europe nécessitera la mise en place de services de soins spécialisés en fonction de l’âge; une approche intégrée et pluridisciplinaire avec des partenariats entre services; ainsi que des dispositifs d’aiguillage entre services sanitaires et sociaux spécialisés et conventionnels. Il sera particulièrement important d’adopter cette approche de traitement intégrée pour les personnes âgées ayant des problèmes liés à la drogue, dans le cadre de partenariats interservices et de filières d’orientation bien établies entre les services sanitaires et sociaux spécialisés et conventionnels. Il sera peut-être nécessaire de proposer une formation au personnel des services conventionnels pour assurer la bonne mise en œuvre de ces modèles de soins.

Les outils de dépistage adaptés et les mesures des résultats thérapeutiques pour les personnes âgées ayant des problèmes d’usage de substances sont actuellement insuffisants. Les mesures pratiques à adopter pour favoriser la stabilisation ou la guérison peuvent être différentes selon qu’il s’agit de jeunes usagers de drogues ou d’usagers plus âgés; par exemple, les services pourraient envisager la prise de méthadone sous supervision au domicile des usagers d’opioïdes plus âgés ou autoriser un plus grand nombre de doses à emporter à domicile. Il sera important d’impliquer les usagers de drogues plus âgés dans la mise en place de ces services pour s’assurer qu’ils répondent à leurs besoins.

De plus, les services de prise en charge peuvent être de plus en plus sollicités pour répondre aux besoins des personnes plus âgées qui rencontrent des problèmes liés à l’usage d’autres substances, telles que les benzodiazépines et, éventuellement, le cannabis, qui peuvent également nécessiter des services sur mesure. Cela peut nécessiter la mise en place de différents groupes d’âge dans les services, l’organisation d’activités sociales et d’événements et l’offre d’un soutien régulier par des pairs et des bénévoles pour briser l’isolement social.

Des soins de santé physique adaptés, notamment des services de soins dentaires.

L’accès physique aux services peut s’avérer difficile pour les personnes âgées souffrant de problèmes liés aux opioïdes, lesquelles peuvent avoir besoin d’une assistance en matière de transport. Des visites à domicile pourront être assurées pour les patients confrontés à des problèmes de mobilité ou vivant en zone rurale, tout comme des services par satellite basés dans des centres communautaires pour les personnes âgées et un élargissement du travail de proximité.

Des approches pluridisciplinaires et innovantes sont essentielles pour répondre aux autres besoins médicaux (y compris dentaires), psychologiques et sociaux des personnes âgées confrontées à des problèmes de drogue.

Un meilleur accès et un plus grand recours aux traitements antiviraux contre l’hépatite C.

L’amélioration de l’accès à ces traitements au sein de cette population, et son adhésion à ceux-ci, est susceptible de jouer un rôle clé. En outre, le risque élevé de décès par surdose fait de ce groupe une cible importante pour la distribution de naloxone à administrer à domicile et d’autres stratégies de prévention des surdoses.

Des maisons de soins spécialisées dans la prise en charge résidentielle de longue durée des personnes âgées faisant usage de drogues.

Il existe des maisons de soins spécialisées pour les personnes âgées qui ont des problèmes de drogue et qui ne sont pas en mesure de se prendre en main. Les personnes qui ont des problèmes de drogue peuvent également être admises dans des unités d’hospitalisation gériatrique et des établissements communautaires pour personnes âgées. En général, ces services sont mal équipés pour offrir l’évaluation, le traitement et les soins complets dont pourraient avoir besoin les personnes âgées ayant des problèmes de drogue. La nécessité d’une compréhension élémentaire des questions liées à l’usage de substances et de la manière dont celui-ci peut avoir une incidence sur les besoins des usagers âgés est de plus en plus pressante pour le personnel travaillant dans ce secteur.

Mise à disposition de logements sûrs et adaptés

Plus généralement, un logement sûr et convenable constitue une condition préalable à la résolution des problèmes sociaux, sanitaires et physiques. Les besoins des usagers de drogue plus âgés en matière de logement devront souvent faire l’objet d’une attention particulière pour ceux qui choisissent de s’éloigner de leurs cercles liés à l’usage de drogues. Les personnes qui continuent l’usage de drogues peuvent avoir besoin d’un logement dont l’occupation n’est pas menacée par l’usage de drogue. Les modèles Housing First (Logement d’abord), qui fournissent un logement avant de s’attaquer au problème de drogue qui affecte une personne ou d’apporter une autre forme de soutien, peuvent être utiles aux personnes âgées qui se retrouvent sans abri et font usage de drogues (voir Sans-abrisme et drogues: réponses sanitaires et sociales). Les logements adaptés à cette catégorie de la population peuvent nécessiter un accès universel afin de tenir compte d’éventuels handicaps. En outre, des programmes d’emploi et de travail pourraient offrir à certains usagers de drogues plus âgés un travail rémunéré ou bénévole sûr. Une formation pourrait devoir être dispensée aux employeurs afin de leur faire prendre conscience des problèmes sociaux et de santé auxquels ce groupe est confronté.

Sensibilisation et formation du personnel médico-social

Une formation pourrait également être dispensée au personnel de soins gériatriques pour faire face au nombre croissant de ce type de patients. Une formation spécialisée dans la gestion de la douleur chez les personnes dépendantes des opioïdes; sur la base de protocoles de traitement clairs; pourrait être profitable au personnel des centres anti-douleur et à celui préposé aux soins palliatifs. Toutes les données probantes ne sont pas actuellement disponibles concernant les pratiques efficaces dans ce domaine; néanmoins, il est important de se doter d’une main-d’œuvre qualifiée pour améliorer la reconnaissance des personnes âgées souffrant de problèmes liés aux opioïdes et la prestation de services à celles-ci.

Interventions visant à lutter contre l’isolement social et la stigmatisation

L’isolement social et la solitude qui affectent ce groupe doivent être combattus en renforçant les stratégies d’adaptation, en consolidant leur cercle social et en encourageant les activités qui favorisent le bien-être. Une étude pilote menée au Royaume-Uni a montré que les usagers de drogue plus âgés pouvaient être recrutés dans le cadre d’un programme de sport, mais que de multiples difficultés sociales réduisaient leur capacité à y participer. Les programmes Men’s shed en Australie, au Canada, en Irlande et au Royaume-Uni, ont encouragé des hommes plus âgés à développer un sentiment de l’identité, de l’estime de soi et de valeur en acquérant de nouvelles compétences, en développant leur cercle social et en nouant des relations avec la communauté.

Pour remédier à l’âgisme et à la stigmatisation subis par bon nombre de ces usagers de drogues plus âgés, des services de défense de leurs intérêts peuvent être proposés par des homologues plus âgés dans le cadre des services de prise en charge. Le soutien par les pairs peut accroître l’estime de soi, le sentiment d’être accepté et compris, ainsi que l’optimisme vis-à-vis de l’avenir. Les personnes qui jouent le rôle de pairs/bénévoles sont également susceptibles de tirer des bienfaits de ce type d’engagement. Les interventions visant à réinsérer les personnes dans la société et à les aider à développer ou à élargir leurs cercles sociaux peuvent contribuer à prévenir la solitude et l’isolement au sein de ce groupe lorsqu’elles sont mises en œuvre à un stade précoce du traitement.

La base factuelle pour les réponses spécialisées aux usagers d’opioïdes âgés est actuellement très limitée. Toutefois, étant donné qu’à plus long terme, les personnes de plus de 40 ans qui utilisent des opioïdes sont susceptibles de constituer la majorité de la population à traiter pour des problèmes de drogue en Europe, il est important que cette question soit abordée et que des interventions efficaces soient mises au point pour mieux éclairer les politiques et les approches en la matière. Il existe un nombre limité d’orientations visant à répondre aux besoins de ce groupe: une initiative européenne a consisté en l’élaboration, par la Société clinique européenne du sida, d’un ensemble de lignes directrices contenant une vue d’ensemble des interactions entre les médicaments utilisés pour le traitement du VIH/sida et d’autres traitements pharmacologiques, notamment ceux par agonistes opioïdes (1). Ces lignes directrices sont révisées tous les deux ans, publiées dans un certain nombre de langues européennes et peuvent aider les praticiens à proposer des traitements et des soins plus adaptés aux besoins de cette population.

Panorama européen: disponibilité des interventions liées à la drogue pour les personnes âgées

La prestation de services de traitement et de soins dédiés aux personnes âgées souffrant de problèmes de drogue est limitée et inégale en Europe. La plupart des services ont été créés pour répondre aux besoins d’une tranche d’âge plus jeune d’usagers de drogue, et les patients sont généralement restés dans ces services traditionnels au fil des ans.

Des maisons de soins spécialisées pour les personnes âgées qui ont des problèmes de drogue et qui ne sont pas en mesure de se prendre en main existent notamment en Belgique, au Danemark, en Allemagne et aux Pays-Bas, mais elles demeurent rares. Elles peuvent servir de modèles pour des programmes résidentiels à long terme qui offrent des soins et un soutien aux usagers de drogue chroniques et vieillissants. L’exemple de l’Allemagne est Condrobs, un service qui offre un soutien à bas seuil et axé sur l’acceptation aux usagers de drogue plus âgés. Elle fournit des services de conseil, un centre d’accueil résidentiel et un projet de travail. Un autre exemple est le programme d’addiction gériatrique, qui a été spécifiquement conçu pour répondre aux besoins d’adultes âgés aux États-Unis qui sont confrontés à des problèmes d’utilisation de substances. Il s’agit d’un programme communautaire qui prévoit une intervention pour l’usage de substances à domicile, une évaluation et une mise en relation avec des services destinés aux adultes plus âgés.

Il existe quelques exemples limités de formations dispensées pour aider le personnel à faire face au nombre croissant de ces patients. BeTrAD (Better Treatment for Ageing Drug Users, Un meilleur traitement pour les usagers de drogue vieillissants) est un projet associant neuf organisations partenaires dans cinq pays de l’UE, soutenu par la Commission européenne. Le projet fournit aux formateurs d’adultes et aux organisations du système d’aide aux toxicomanes, aux institutions gériatriques et aux gouvernements locaux les outils et les modèles de bonnes pratiques pour créer des opportunités d’apprentissage pour adultes en vue de la mise en place et de l’amélioration de services pour les usagers de drogues vieillissants. BeTrAD a mis au point un programme de formation destiné aux professionnels des soins infirmiers, de la prise en charge des addictions et du système médical, ainsi qu’aux coordinateurs de groupes d’entraide, reflétant un projet axé sur l’inclusion des usagers de drogues.

Implications pour les politiques et les pratiques

Éléments de base

  • Parmi les questions essentielles qui intéressent les prestataires de services figurent la modification ou la restructuration des services de prise en charge et la mise en place de services spécialisés qui répondent à la fois aux besoins sanitaires et sociaux des usagers de drogue plus âgés.
  • Des canaux de communication et des filières d’orientation clairs doivent être en place entre les services de traitement des problèmes de drogue et les services de soins de santé et d’assistance sociale traditionnels.

Possibilités de développement

  • Un investissement dans le perfectionnement de la main-d’œuvre pour le personnel qui prodigue des soins généraux aux personnes âgées, afin d’améliorer sa compréhension des besoins des personnes âgées confrontées à des problèmes de drogue, pourrait améliorer la gestion des problèmes de santé physique et mentale au sein de ce groupe.
  • L’élaboration de protocoles de gestion de la douleur chez les personnes dépendantes des opioïdes, qui seraient utilisés dans les centres de traitement de la douleur et de soins palliatifs, contribuerait à la fourniture de soins de santé de qualité dans ces structures. Des recherches sont nécessaires pour fournir des preuves de bonnes pratiques dans ce domaine.

Lacunes

  • Il est nécessaire de mettre au point des outils de dépistage et des mesures des résultats qui soient adaptés aux personnes âgées qui font usage de substances depuis longtemps et présentent des problèmes sanitaires et sociaux associés à cet usage.
  • Il est nécessaire de recenser les interventions et les modèles de soins prometteurs pour remédier aux problèmes sanitaires et sociaux du groupe de plus en plus important d’usagers problématiques d’opioïdes plus âgés, et de les évaluer afin de définir et de partager les meilleures pratiques.
  • Des réponses devront être élaborées pour mieux répondre aux besoins des usagers de drogue plus âgés qui utilisent des substances autres que l’héroïne, notamment celles qui font usage de cannabis et de stimulants.

Autres ressources

EMCDDA

Autres sources

 

(1) Le terme «traitement par agonistes opioïdes» est utilisé ici comme le langage privilégié pour couvrir un éventail de traitements impliquant la prescription d’agonistes opioïdes pour traiter la dépendance aux opioïdes. Le lecteur doit savoir que ce terme inclut le traitement de substitution aux opioïdes, terme que l’on peut encore rencontrer dans certains de nos outils de collecte de données et anciens documents.

À propos de ce mini-guide

Ce mini-guide donne un aperçu des éléments à prendre en considération lors de la planification ou de la mise en œuvre de réponses sanitaires et sociales pour les usagers de drogues âgés et passe en revue les interventions disponibles et leur efficacité. Il examine également les conséquences sur les plans politique et pratique. Ce mini-guide s’inscrit dans le cadre plus vaste du document intitulé Réponses sanitaires et sociales apportées aux problèmes de drogue: un guide européen.

Cette publication doit être référencée comme suit: Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (2023), Les personnes âgées et les drogues: réponses sanitaires et sociales, https://www.emcdda.europa.eu/publications/mini-guides/older-people-and-….

Identifiants

HTML: TD-07-23-285-FR-Q
ISBN: 978-92-9497-945-2
DOI: 10.2810/63545

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