Offre, production et précurseurs de drogues – la situation actuelle en Europe (Rapport européen sur les drogues 2024)

cover of the European Drug Report 2024: Supply, production and precursors

Une analyse des indicateurs liés à l’offre des drogues illicites couramment utilisées dans l’Union européenne suggère que la disponibilité reste élevée pour tous les types de substances. Sur cette page, vous trouverez une vue d’ensemble de l’offre de drogues en Europe selon les données les plus récentes, étayée par les dernières tendances temporelles en matière de saisies de drogues et d’infractions à la législation sur les stupéfiants, ainsi que les données de 2022 sur la production de drogues et les saisies de précurseurs.

Cette page fait partie du Rapport européen sur les drogues 2024, l’aperçu annuel de la situation en matière de drogues en Europe publié par l’EMCDDA.

Dernière mise à jour: 11 juin 2024

Forte disponibilité de drogues alimentée par des volumes importants d’importations et de production au sein de l’Union européenne

Disponibilité des drogues au sein de l’Union européenne

Une analyse des indicateurs liés à l’offre de drogues illicites dans l’Union européenne suggère que la disponibilité reste élevée pour tous les types de substances. En outre, le marché se caractérise par la grande disponibilité d’un éventail plus large de drogues, souvent disponible à forte teneur en principe actif ou de pureté élevée, ce qui accroît potentiellement les risques pour la santé. Il s’agit notamment de substances d’un nouveau genre, pour lesquelles tant les connaissances des consommateurs que les connaissances scientifiques relatives aux risques sanitaires peuvent être limitées. Les formes sous lesquelles les substances peuvent être disponibles sur le marché et, dans certains cas, comme pour le cannabis, les voies d’administration par lesquelles elles sont consommées (par ex., vapotage, produits comestibles) sont également de plus en plus variés. Toutes ces évolutions suscitent des inquiétudes quant au fait qu’il existe globalement un potentiel d’usage accru de substances illicites et que les risques associés à certaines substances pourraient augmenter, en particulier chez les usagers vulnérables tels que les personnes en situation de marginalisation socio-économique et de pauvreté. Il est notamment à craindre que les usagers de drogues soit exposés à un risque accru d’effets néfastes sur la santé, y compris des empoisonnements et des décès induits par une consommation, possiblement à leur insu, de drogues très pures et à teneur plus élevée en principe actif, en particulier des substances plus innovantes.

La mondialisation des méthodes opérationnelles utilisées par les organisations criminelles semble être un facteur important de la forte disponibilité des drogues en Europe. Les producteurs et les trafiquants de drogues européens sont plus étroitement associés aux réseaux criminels internationaux, ce qui se traduit par une plus grande résilience des flux de drogues illicites vers et hors de l’Union européenne. Plusieurs pays d’Amérique du Sud, d’Asie occidentale et du Sud et d’Afrique du Nord demeurent des régions productrices majeures des drogues illicites qui entrent en Europe, tandis que la Chine et l’Inde restent des pays producteurs importants de nouvelles substances psychoactives, l’Inde occupant à présent une place plus prépondérante pour certaines substances, telles que les cathinones de synthèse. De même, les précurseurs de drogues et les substances chimiques connexes sont souvent signalés comme provenant de Chine.

D’importantes saisies de drogues, en particulier de cocaïne, dans des conteneurs de transport intermodal ont encore été effectuées au cours des dernières années. Par exemple, en 2023, l’Espagne a signalé sa plus importante saisie à ce jour: 9,5 tonnes de cocaïne dans une seule cargaison dissimulée dans des bananes en provenance d’Équateur (Figure 1.1). Les opérations de trafic de stupéfiants des organisations criminelles ciblent de plus en plus des infrastructures commerciales légales actives dans le commerce mondial. Les exemples documentés attestent l’infiltration des chaînes d’approvisionnement et l’exploitation du personnel essentiel par des méthodes d’intimidation et de corruption. De plus, le recrutement et l’exploitation par les réseaux criminels de mineurs dans le commerce illicite de drogues suscitent de plus en plus d’inquiétudes. Cela se reflète dans la priorité que les services répressifs accordent à la lutte contre ces menaces. Plus généralement, et en particulier dans les pays où de grandes quantités de drogues entrent en Europe ou y sont produites, un constat s’impose de plus en plus, selon lequel il est nécessaire de faire davantage dans la lutte contre la violence, la corruption et les pratiques d’exploitation criminelle associées aux opérations réalisées sur le marché de la drogue.

Figure 1.1. «Opération Nano», 9,5 tonnes de cocaïne saisies en août 2023 au port d’Algésiras (Cadix) (Espagne)
Photo prise lors de l’«Opération Nano» Elle montre la police espagnole avec 9,5 tonnes de cocaïne saisies en août 2023, port d’Algésiras (Cadix) (Espagne).
'Operation Nano’, 9.5 tonnes of cocaine seized August 2023, Port of Algeciras (Cadiz), Spain

Crédit: Guardia Civil.

La dynamique de la production et du trafic de drogues illicites au niveau international s’adapte aux développements géopolitiques, aux conflits régionaux et aux changements opérés dans les routes commerciales. Les évolutions de ces dernières années en Colombie, au Brésil et en Équateur ont, par exemple, contribué à accroître la disponibilité de la cocaïne pour le trafic vers l’Union européenne par les organisations criminelles, qui utilisent simultanément de multiples modes opératoires (Figure 1.2) pour tenter d’échapper à la détection. L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime a estimé que la culture de l’opium avait diminué de 95 % en 2023 en Afghanistan à la suite de l’interdiction de l’opium par les Talibans. Bien qu’il soit trop tôt pour déterminer de manière exhaustive l’incidence de cette situation sur les marchés européens de la drogue, elle risque d’affecter la disponibilité de l’héroïne en Europe au cours des prochaines années, et son remplacement par d’autres drogues, tels que les opioïdes de synthèse à forte teneur ou les stimulants, suscite des inquiétudes. Dans le même temps, les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient semblent avoir une incidence sur les itinéraires de trafic utilisés par les criminels pour acheminer les drogues illicites en Europe.

Figure 1.2. Exemple de l’éventail des méthodes de trafic de drogue précédemment signalées par les services répressifs en Europe

Méthodes de trafic

  • Infiltration des chaînes d’approvisionnement logistiques
  • Conteneurs de transport intermodal
  • Permutation de conteneurs, fraude au code, équipes chargées de l’extraction
  • Corruption, intimidation des fonctionnaires et des exploitants de navires
  • Recours accru à des ports de plus petite taille
  • Largage en mer de ballots flottants équipés de balises GPS
  • Transbordements de «bateaux mères» à des petites embarcations
  • Hors-bord, bateaux de plaisance
  • Semi-submersibles (narco sous-marins, torpilles)
  • Dissimulation chimique ou masquage de cargaisons
  • Utilisation accrue de l’aviation générale, petits aérodromes

Près de 70 % des saisies de drogue effectuées par les autorités douanières ont lieu dans les ports de l’Union européenne. En complément de la stratégie et du plan d’action de l’UE en matière de drogue 2021-2025, la feuille de route de l’UE contre le trafic de drogue de 2023 contient des mesures visant à améliorer la gestion des risques douaniers et la détection des drogues et précurseurs qui font l’objet de trafics. Il s’agit notamment de renforcer l’interopérabilité des systèmes d’information douanière entre les États membres de l’UE et de soutenir le déploiement d’équipements avancés de scannage de conteneurs. Cette feuille de route soutient également la toute nouvelle alliance des ports européens, un partenariat public-privé destiné à renforcer la résilience des principaux centres logistiques européens face au trafic de drogue et à l’infiltration par des organisations criminelles. Elle aura pour but de soutenir la mise en œuvre des meilleures pratiques et des recommandations issues de l’évaluation thématique Schengen de 2023 sur le trafic de drogue dans les ports. Elle inclura non seulement la lutte contre le trafic de drogue à destination de l’Europe, mais aussi le démantèlement en aval par les services répressifs sur les réseaux ferroviaire et routier.

Les organisations criminelles tentent d’échapper aux contrôles législatifs et douaniers qui restreignent l’utilisation de produits chimiques largement utilisés dans les industries légales en créant des substances chimiques de substitution. En réponse à cela, et afin de s’adapter à la vitesse de l’innovation criminelle, la feuille de route de l’UE recommande d’accélérer la programmation législative de l’UE en matière de contrôle des précurseurs en l’élargissant de manière à englober les dérivés connus et les produits chimiques y afférents, lesquels peuvent être convertis en précurseurs de drogues établis ou se substituer à ceux-ci. Conformément à la révision de son mandat, l’EMCDDA, qui deviendra l’Agence de l’Union européenne sur les drogues, occupera un rôle plus important en soutenant la Commission européenne dans la surveillance, la programmation et l’évaluation des menaces liées aux précurseurs. La feuille de route de l’UE vise également à s’attaquer à la question des substances chimiques de substitution en soutenant les besoins en équipement des laboratoires des services de douane. L’échange d’informations avec les pays de provenance des précurseurs sera renforcé, notamment par l’intermédiaire du groupe de suivi conjoint UE-Chine sur les précurseurs. La Commission européenne est également membre de la coalition mondiale contre les menaces liées aux drogues de synthèse, dirigée par les États-Unis, qui cible les précurseurs, y compris ceux nécessaires à la fabrication de nouveaux opioïdes de synthèse, grâce à une collaboration sur des actions prioritaires.

Production de drogues dans l’Union européenne

Ces évolutions politiques interviennent à un moment où l’Europe reste une région de production importante pour diverses drogues illicites. Le cannabis produit dans l’Union européenne est généralement destiné à la consommation au sein de l’UE, et plusieurs milliers de sites de culture de cannabis seraient démantelés chaque année dans les États membres de l’UE. Les drogues de synthèse, telles que la MDMA et les amphétamines, sont également produites dans l’Union européenne et peuvent faire l’objet d’un trafic vers des marchés hors UE. Certains rapports indiquent que les centaines d’installations de production de drogues illicites démantelées dans l’Union européenne ont produit toute une gamme de substances allant de l’amphétamine à la cocaïne et à l’héroïne en passant par la méthamphétamine, les cathinones de synthèse et la MDMA. Bien que cela puisse être difficile à déterminer, dans certains cas, un seul laboratoire peut avoir produit plusieurs substances, tels que différents stimulants de synthèse ayant les mêmes exigences en matière de produits chimiques et d’équipements de fabrication. Il est difficile d’estimer la capacité de production de chaque laboratoire démantelé. Dans l’ensemble, cela signifie que, s’il est possible de déterminer que la production de diverses drogues illicites a lieu en Europe, il reste difficile de se prononcer sur le nombre total d’installations, sur les tendances ou sur les évolutions en matière de capacité. Bien que des laboratoires de méthamphétamine et d’amphétamine à grande échelle soient signalés, beaucoup produisent à petite échelle, ce qui explique des déclarations plus importantes en nombre et des fluctuations d’une année à l’autre. Alors que la majorité des sites de production de MDMA démantelés ont été signalés par les Pays-Bas et l’Espagne, certains États membres qui démantèlent généralement un grand nombre d’installations n’ont pas communiqué d’informations pour l’année 2022. La détection d’installations distinctes pour la production, l’extraction, la découpe et le conditionnement de la cocaïne ces dernières années suggère que la production de cocaïne est désormais bien établie en Europe et que des méthodes innovantes sont utilisées pour faciliter l’entrée de cette drogue en Europe.

De même, l’innovation dans les processus de production ressort clairement de certaines saisies récentes de produits chimiques qui peuvent être utilisées pour fabriquer les produits chimiques précurseurs nécessaires à la production d’amphétamine, de méthamphétamine et de MDMA, contournant ainsi les contrôles en place visant à réduire la disponibilité de ces drogues. D’importantes saisies de précurseurs en 2022 indiquent que la production de cathinones de synthèse reste importante, en particulier en Pologne. La taille et l’échelle des sites de production déclarés comme démantelés par les autorités répressives vont des laboratoires «de cuisine» aux installations à haut débit exploitées par plusieurs «cuisiniers», qui produisent plusieurs dizaines de kilogrammes de produits finis par lot dans des réacteurs spéciaux. Sur les sites de petite taille, la production semble être destinée principalement aux marchés locaux et, occasionnellement, à la vente sur le darknet. Bien que les informations soient très limitées, les sites de production les plus importants semblent également approvisionner les marchés locaux et, occasionnellement, le produit fini est exporté en dehors de l’Europe.

L’usage d’un ensemble plus large de produits chimiques pour créer à la fois de nouvelles substances et des processus de synthèse différents pour les drogues plus établies représente un défi complexe pour les douanes, les services répressifs et la réglementation juridique. La production de drogues de synthèse illicites au sein de l’UE sur les marchés d’exportation et sur les marchés locaux demeure une source de risques pour la santé publique, tant pour les personnes qui consomment les substances potentiellement dangereuses que pour les préjudices environnementaux que leur production peut occasionner au niveau local.

Principales données et tendances

Tendances en matière d’offre de drogues

  • Globalement, les tendances indexées montrent que les quantités de toutes les drogues saisies au sein de l’UE ont augmenté entre 2012 et 2022, en particulier au cours des cinq dernières années, bien que les quantités d’amphétamine et de méthamphétamine saisies aient fluctué au cours des trois dernières années (Figure 1.3).

  • Entre 2012 et 2022, les augmentations les plus fortes ont été enregistrées pour la cocaïne (+376 %), la méthamphétamine (+ 293 %), l’herbe de cannabis (+ 184 %), l’héroïne (+ 91 %), la MDMA (+ 71 %) et l’amphétamine (+ 74 %). La légère augmentation observée pour la résine de cannabis (+ 5 %) reflète la baisse de 52 % signalée par l’Espagne pour l’année 2022, probablement liée à une modification des itinéraires de trafic de drogue. Il existe d’importants marchés de consommation pour ces drogues en Europe. Cependant, il est probable que l’augmentation des quantités saisies reflète, au moins partiellement, le rôle plus important joué par l’Europe en tant que lieu de production, d’exportation et de transit de ces drogues.

Figure 1.3. Saisies de drogues dans l’Union européenne – quantité de drogues saisies, tendances indexées (2012 = 100)

Les tendances indexées présentées reflètent les changements relatifs des saisies de drogue sur une période de 10 ans, mais ne donnent aucune indication sur les quantités réelles.

Les comprimés de MDMA/ecstasy ont été convertis en équivalents masse en partant d’une masse de MDMA/ecstasy de 0,25 grammes par comprimé.

  • L’interprétation des tendances en matière de saisies de drogues est compliquée par le fait qu’elles sont influencées par les stratégies et les priorités des services de police et des services répressifs, par le succès ou non des groupes de trafic pour éviter d’être repérés, et par tout changement sous-jacent dans la disponibilité et l’usage.

  • Près d’un million de saisies ont été signalées en 2022 dans l’Union européenne, les dérivés du cannabis étant les plus fréquemment saisis, à raison de 71 % du nombre total de saisies (Figure 1.4 et Figure 1.5).

Figure 1.4. Saisies de drogues dans l’Union européenne – nombre de saisies de drogue déclarées, ventilées par drogue, 2022 (en pourcentage)
Figure 1.5a. Saisies de drogues dans l’Union européenne – nombre de saisies en 2022
Figure 1.5b. Saisies de drogues dans l’Union européenne – quantité saisie en 2022 (en tonnes)

Les comprimés de MDMA/ecstasy ont été convertis en équivalents masse en partant d’une masse de MDMA/ecstasy de 0,25 grammes par comprimé.

  • Pour ce qui est des chiffres, un nombre inférieur de saisies a été recensé en 2022 par rapport à 2012 pour la résine de cannabis (- 18 %), l’herbe de cannabis (- 23 %) et l’héroïne (- 28 %) (Figure 1.6). Cette situation pourrait refléter l’évolution des pratiques policières, des modes de consommation ou de la disponibilité des drogues.

  • Les plus fortes augmentations observées dans le nombre de saisies entre 2012 et 2022 concernaient la méthamphétamine (+ 180 %), la MDMA (+ 60 %), la cocaïne (+ 26 %) et l’amphétamine (+ 5 %).

Figure 1.6. Saisies de drogues dans l’Union européenne – nombre de saisies de drogues, tendances indexées (2012 = 100)

Tendances en matière d’infractions à la législation sur les stupéfiants

  • En 2022, approximativement 1,5 million d’infractions à la législation sur les stupéfiants ont été signalées dans l’Union européenne, soit une progression de 26 % depuis 2012. Plus des trois quarts de ces infractions (77 %, soit 1,2 million) concernent l’usage ou la possession de drogue destinée à une consommation personnelle.

  • Sur le nombre estimé de 1,5 million d’infractions à la législation sur les stupéfiants, la drogue mentionnée dans l’infraction est signalée dans un peu moins d’un million d’infractions, dont 809 000 pour la possession ou l’usage, 177 000 pour des infractions liées à l’offre et 3 000 pour d’autres types d’infractions (Figure 1.7). Les définitions de ce qui constitue une infraction liée à l’offre peuvent varier d’un pays à l’autre.

  • Avec environ 609 000 infractions signalées en 2021, le cannabis représentait plus des trois quarts des infractions liées à l’usage ou à la possession (75 %), pour lesquels la drogue est connue, et un peu plus de la moitié ou 98 000 des infractions liées à l’offre de drogues (56 %). La prédominance du cannabis dans les infractions liées à l’offre et à la possession reflète la position dominante de cette drogue; elle témoigne également de l’importance de cette drogue sur le plan politique.

  • Les infractions liées tant à la possession qu’à l’offre de drogue se maintiennent à des niveaux plus élevés qu’en 2012 pour toutes les drogues, à l’exception de l’héroïne (Figure 1.8 et Figure 1.9).

Figure 1.7. Infractions à la législation sur les stupéfiants – nombre d’infractions, offre et usage/possession, 2022

Les données concernent les infractions pour lesquelles la drogue concernée a été signalée.

Figure 1.8. Infractions à la législation sur les stupéfiants – infractions liées à la possession/l’usage, tendances indexées (2012 = 100)
Figure 1.9. Infractions à la législation sur les stupéfiants – infractions liées à l’offre, tendances indexées (2012 = 100)

Données relatives à la production et aux précurseurs dans l’UE pour 2022

  • Cannabis: Les États membres de l’UE ont fait état de 98 000 saisies de plants de cannabis, soit 3,5 millions de plants individuels et 6,5 tonnes en 2022 (4,3 millions de plants et 32,5 tonnes en 2021). En 2022, près de 5 700 sites de culture illicite de cannabis ont été démantelés dans 14 États membres de l’UE, selon des données de sources ouvertes et obtenues auprès de partenaires nationaux.

  • Héroïne: Deux sites de production d’héroïne ont été démantelés aux Pays-Bas en 2022 (trois en 2021). Seules trois saisies d’anhydride acétique, précurseur chimique de l’héroïne, à hauteur de 141 litres (5 730 litres en 2021), ont été signalées par l’Allemagne, l’Espagne et la Pologne. Au niveau mondial, les saisies d’anhydride acétique sont en forte baisse depuis 2019. Cela pourrait être le signe d’une diminution des tentatives de détournement et de trafic de cette substance, ou alors d’un glissement vers d’autres itinéraires de trafic.

  • Cocaïne: En 2022, au moins 39 sites liés à la production de cocaïne ont été démantelés dans l’Union européenne (34 en 2021). Malgré une diminution de la quantité de permanganate de potassium saisie en 2022 (173 kilogrammes) par rapport à 2021 (1 100 kilogrammes), il est probable que la transformation à grande échelle du chlorhydrate de cocaïne à partir de produits intermédiaires importés se poursuive dans l’Union européenne. Par exemple, un laboratoire de transformation de la cocaïne démantelé en Espagne en 2023 a été signalé comme disposant d’une capacité de production quotidienne de 200 kilogrammes de cette drogue. En outre, d’importantes saisies de substances inhabituelles contenant de la cocaïne, qui doit être extraite par des moyens chimiques, ont été signalées, ce qui indique que la transformation reste un problème important en Europe. À titre d’exemple, en 2022, de la cocaïne chimiquement dissimulée a été détectée dans une cargaison de 22 tonnes de sucre en France et dans 100 kilogrammes de charbon, faisant partie d’une cargaison plus importante de charbon expédiée en Croatie.

  • Amphétamine: En 2022, sept États membres de l’UE ont déclaré avoir démantelé 108 laboratoires d’amphétamine (119 en 2021): les Pays-Bas (39), la Belgique (35), la Pologne (22), l’Espagne (5), la Suède (5), la Croatie (1) et la Roumanie (1).

  • Méthamphétamine: Neuf États membres de l’UE ont déclaré avoir démantelé 242 laboratoires de méthamphétamine en 2022 (224 en 2021): la Tchéquie (202), les Pays-Bas (14), la Bulgarie (12), la Belgique (6), la Pologne (4), la Grèce (1), l’Espagne (1), la Slovénie (1) et la Suède (1). Des saisies de précurseurs requis pour synthétiser la méthamphétamine par la «méthode éphédrine» (éphédrine et pseudoéphédrine), s’élevant à 352 kilogrammes (poudres et comprimés confondus) ont été signalées par 15 États membres de l’UE en 2022 (723 kilogrammes déclarés par 15 États membres de l’UE en 2021).

  • La méthamphétamine peut également être produite en utilisant le BMK comme matière première (le BMK peut aussi être utilisé pour produire de l’amphétamine). En 2022, 1 329 litres de BMK (près de 5 100 litres en 2021) et 26,6 tonnes de substances (10,5 tonnes en 2021) pouvant être utilisées pour produire du BMK ont été saisis en Europe. Ces saisies comprenaient 25,6 tonnes de dérivés glycidiques du BMK (736 kilogrammes en 2021), 379 kilogrammes de MAPA (près de 9,7 tonnes en 2021) et plus de 500 kilogrammes d’APAA et d’APAAN (50 kilogrammes d’APAA en 2021). Deux nouvelles substances chimiques de substitution pouvant également être utilisées pour fabriquer du BMK, du DEPAPD et de l’énolate de DEPAPD, ont été signalés en Europe (et dans le monde) pour la première fois en 2022, et saisies en quantités relativement faibles. En outre, des saisies d’acide tartrique, une substance chimique qui permet d’extraire la forme de méthamphétamine à plus forte teneur et la plus recherchée (la d-méthamphétamine, utilisée pour la «crystal meth») dans les mélanges produits par les méthodes BMK, ont atteint 2,6 tonnes en 2022 (4,5 tonnes en 2021) et ont été signalées par la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas. Cela donne à penser que la production à grande échelle de d— méthamphétamine se poursuit en Europe. Les quantités accrues de précurseurs de méthamphétamine et de produits chimiques apparentés saisis en Europe reflètent l’importance de la capacité mondiale des groupes producteurs de drogues de synthèse dans l’Union européenne.

  • MDMA: En 2022, six États membres de l’UE ont signalé le démantèlement de 48 laboratoires de MDMA (25 en 2021). La Belgique a signalé 27 laboratoires de MDMA en 2022 (huit en 2021), les Pays-Bas en ont déclaré treize, l’Espagne cinq et la France, la Pologne et la Suède en un chacun. Les saisies de précurseurs de MDMA ont augmenté pour atteindre 20,5 tonnes en 2022 (7,1 tonnes en 2021). Les saisies de PMK, un précurseur de la MDMA, et de ses dérivés glycidiques ont dépassé les 19,9 tonnes en 2022 (2,6 tonnes en 2021). D’autres substances chimiques de substitution ont également été signalées: le MAMDPA a été saisi en petites quantités en 2022 (37 kilogrammes contre 4,5 tonnes en 2021). Ces signalements faisant état d’une augmentation des saisies de précurseurs de MDMA, combinés à des informations sur les exportations de MDMA, pourraient refléter une augmentation de la production de cette drogue pour les marchés mondiaux et un rebond général à la suite d’une baisse liée à la pandémie de COVID-19.

  • Cathinones: En 2022, 29 sites de production de cathinones de synthèse, dont certains sites à grande échelle, ont été démantelés dans l’Union européenne (15 en 2021): 23 en Pologne (12 en 2021) et 6 aux Pays-Bas (2 en 2021). Les saisies de précurseurs de cathinone de synthèse s’élevaient à 558 kilogrammes en 2022 (555 kilogrammes en 2021), essentiellement en Pologne (355 kilogrammes). Une cargaison d’une tonne de 1-(4-chlorophényl)propan-1-one, précurseur de la 4-CMC, en provenance de Chine et à destination de la Pologne, a été interceptée en France.

  • Opioïdes de synthèse: En 2023, la police lettone a signalé le démantèlement d’un site équipé pour produire du fentanyl et la saisie de près de deux kilogrammes de cette drogue, ainsi que de 2,7 kilogrammes de NPP, un précurseur du fentanyl, dans les mêmes locaux. Toujours en 2023, la police lettone a signalé le démantèlement d’un laboratoire de méthadone clandestin.

  • Dépôt clandestins: En 2022, les 194 dépôts clandestins de déchets et matériel de production de drogues déclarés dans l’Union européenne ont été recensés en Belgique (41) et aux Pays-Bas (153) (on en comptait 234 en 2021). 

La publication EMCDDA-Europol intitulée Marchés de la drogue dans l’UE: Analyse approfondie fournit des informations détaillées sur la production et le trafic de drogues illicites.

Synthèse des saisies de précurseurs classifiés et de substances chimiques non classifiées de l’UE utilisés dans la fabrication de certaines drogues produites dans l’Union européenne, 2022
Précurseurs associés à la production de MDMA
Substance Quantité saisie
Dérivés glycidiques du PMK (en kilogrammes) 14182
Hélional (en litres) 5
MAMDPA (en kilogrammes) 37
Nitro-PMK (en kilogrammes) < 1
Pipéronal (en kilogrammes) < 1
PMK (en litres) 3883
Safrole (en litres) 436
Précurseurs associés à la production d’amphétamine et de méthamphétamine
Substance Quantité saisie
AIBN (en kilogrammes) 20
Formiate d’ammonium (en litres) 19
APAA (en kilogrammes) 11
APAAN (en kilogrammes) 500
Benzaldéhyde (en kilogrammes) 482
Cyanure de benzylcyanure (en kilogrammes) 3
BMK (en litres) 1329
DEPAPD (en litres) 13
Énolate de DEPAPD (en kilogrammes) 100
Éphédrine (en kilogrammes) 312
Formamide (en kilogrammes) 9943
Acide formique (en litres) 10432
Dérivés glycidiques du BMK (en kilogrammes) 25567
Iode (en kilogrammes) 75
MAPA (en kilogrammes) 379
Nitroéthane (en litres) 1
Phényl-2-nitropropène (en kilogrammes) 4
Phénéthylamine (en kilogrammes) 34
Acide phénylacétique (en kilogrammes) 25
Pseudoéphédrine (en kilogrammes) 40
Phosphore rouge (en kilogrammes) 108
Acide tartrique (en kilogrammes) 2574
Précurseurs associés à la production d’héroïne
Substance Quantité saisie
Anhydride acétique (en litres) 141
Précurseurs associés à la production de cathinones
Substance Quantité saisie
2-bromo-4-chloropropiophénone (en kilogrammes) 234
2-bromo-4-méthylpropiophénone (en kilogrammes) 324
Substances chimiques associées à la transformation de la cocaïne
Substance Quantité saisie
Chlorure de calcium (en kilogrammes) 2040
Permanganate de potassium (en kilogrammes) 173
Acétate d’éthyle (en litres) 10491

Données sources

Les données utilisées pour générer des infographies et des graphiques sur cette page sont disponibles ci-dessous.

L’ensemble complet des données sources pour le Rapport européen sur les drogues 2024, y compris les métadonnées et les notes méthodologiques, est disponible dans notre catalogue de données.

Un sous-ensemble de ces données, utilisées pour générer les infographies, les graphiques et des éléments similaires sur cette page, sont disponibles ci-dessous.


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